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GORZE AU XI• SIECLE
©
Anem-Brepols, 1996
ISBN: 2-503-50507-4
Dépôt légal D/1996/0095/22
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ANNE WAGNER
GORZE
AU
XIe
SIECLE
Contribution
à
l'histoire
du monachisme bénédictin dans l'Empire
Préface
de
Michel
PARISSE
OUVRAGE COURONNÉ
PAR LE PRIX PROST DE L'ACADÉMIE
DES INSCRIPTIONS
ET BELLES LETTRES
ET PAR LE PRIX DES CONSEILS GÉNÉRAUX
DE LORRAINE
1995
ARTEM-BREPOLS
GORZE AU XJe SIÈCLE
1
1 y eut Gorze après Gorze, comme on parle de Cluny après
Cluny.
La
Gorze que les historiens citent volontiers est celle
du XIe siècle, celle de Jean de Vandières, l'un des plus fervent
animateurs de la réforme de 934, celui dont la Vie nous per-
met de toucher du doigt et de comprendre l'activité monas-
tique de cette abbaye lorraine. Mais il y eut encore le siècle qui
suit, mal connu et pourtant décisif lui aussi. C'est à celui-ci
qu'Anne Wagner s'est attaquée, pour tenter d'analyser ce que
fut l'impact de cette réforme lotharingienne dans l'Empire des
Ottoniens et des Saliens.
La
communauté religieuse de Gorze est née de la volonté
d'un grand évêque réformateur carolingien, Chrodegang, qui a
voulu, à peu de distance de sa cité, au fond d'un vallon, établir
des hommes se vouant à Dieu sous la discipline de saint
Benoît. Aux clercs de la cité et des alentours de Metz, le prélat
voulut opposer, à Gorze, des hommes morts au monde, aux-
quels
il
apporta une riche donation. Convoitée, cette abbaye
fut rarement laissée à elle même et
il
fallut en 863 relancer une
première fois sa vie régulière. C'était insuffisant et une seconde
relance eut lieu en 934. Cette seconde fois fut la bonne ; l'éclat
fut considérable, le rayonnement inespéré. A l'ombre des
évêques et des comtes lotharingiens
il
y eut un ralliement
général au mouvement gorzien, à Metz d'abord, dans le dio-
cèse, puis dans toute la province, sur les terres des évêques et
sur d'autres plus lointaines. L'abbé Einold et Jean de
Vandières, son second, dirigèrent cette maison et son action
pendant plus de quarante ans. Déjà quelques liaisons s'esquis-
saient au delà du Rhin; c'est au siècle suivant qu'elles concer-
nèrent davantage l'Empire.
Un colloque tenu en 1988 à Gorze même, dans le village
qui perpétue le nom de la grande abbaye, a déjà offert l'occa-
sion de voir un peu plus clair dans son histoire pour la courte
période évoquée plus haut. Les conclusions, qui ont été
publiées, n'apportaient pas d' éclaicissement suffisant sur
l'expansion ultérieure du mouvement. En effet, si le monastère
semble connaître un certain essouflement pendant une ou
deux décénnies après la mort de Jean (976), l'abbatiat d'Immo
marque un nouveau départ. Cet abbé fut convié à prendre la
direction de deux abbayes royales, Prum et Reichenau, au
moment où certains de ces moines était mis à la tête d'abbayes
messines voisines. L'évêque, qui était très attaché à Gorze, la
confia vers 1015 au réformateur Guillaume de Volpiano, déjà
présent à Saint-Arnoul. Cela signifiait-il que les moines de
Gorze n'avaient plus en eux un dynamisme suffisant
?
ou que
l'on cherchait à introduire chez eux un souffie de type cluni-
sien ?
La
réponse est difficile à trouver, car sous les deux abbés
successifs, Sigefroy et Henri, d'origine noble, Gorze connût un
nouvel essor en suivant sa ligne traditionnelle, avec la fonda-
tion de prieurés, avec l'essaimage de ses moines ou la visite de
«
stagiaires
>>
venus de loin.
Pour approcher de plus près l'abbaye lorraine, trois
domaines devaient être explorés : celui de ses chefs, de ses
abbés et de leurs action, celui du patrimoine et de ses res-
sources, celui de la vie intellectuelle et de sa bibliothèque. Pour
les abbés, les sources sont peu loquaces et on devine, plus
qu'on ne prouve, les qualités de l'un ou de l'autre. Pour le
temporel monastique, les renseignements font justement
défaut
à
cette période là alors que le cartulaire était plus géné-
reux jusqu'en l'an Mil ; la fondation de prieurés offrait au
moins l'occasion de s'interroger sur la richesse des moines.
Quant à la bibliothèque, elle est heureusement représentée par
un catalogue, connu depuis un siècle, mais qu'il fallait interro-
ger plus précisément. À partir de ces trois coups de projecteur, il
convenait de confronter les données précises des textes avec les
propos ambitieux que dom Kassius Hallinger avait tenus sur le
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